Rainier Lericolais

Animal on est mal

Rainier Lericolais, Tentative de moulage d'eau, 2013, bronze

Commissaire de l’exposition : Richard Fauguet

Le frac île-de-france et la Communauté d’agglomération de Marne et Gondoire accueillent le Musée de la Chasse et de la Nature au château de Rentilly, ainsi que dans la Salle des Trophées, en invitant l’artiste Richard Fauguet à assurer le commissariat de l’exposition conçue à partir des collections du Musée. En puisant aussi bien dans les œuvres anciennes que contemporaines de la collection et en y associant d’autres pièces prêtées exceptionnellement pour l’exposition, Richard Fauguet nous propose une mise en abîme de l’imaginaire du château, intrinsèquement lié à celui de la chasse, invitant ainsi la nature et le monde animal à entrer à l’intérieur du château.

Un ensemble très rarement montré de tapisseries du 16ème siècle à nos jours issues des collections du Musée structure l’espace d’exposition. Ces très grandes tentures deviennent des peintures-écrans permettant au paysage de pénétrer à l’intérieur du château et font ainsi écho au projet de Xavier Veilhan, qui a transformé celui-ci en surface de projection du parc environnant. Le château se fond dans la nature qui l’entoure et qui, à son tour, s’introduit dans ses murs.

Les tapisseries dessinent un parcours labyrinthique, où l’on découvre petit à petit les œuvres, petites sculptures, céramiques et peintures. Elles composent un bestiaire qui traverse allègrement les époques et fait s’entrechoquer les styles et les techniques les plus divers.

Un ensemble de têtes d’animaux en céramique présenté à la manière d’une pièce montée a pour pendant des céramiques de Johan Creten et Elmar Trenkwalder et instaure un jeu entre pièces artisanales et vernaculaires et œuvres contemporaines. C’est une composante récurrente dans l’œuvre de Richard Fauguet, qui puise souvent dans l’art « modeste » et les techniques ou médiums artistiques jugés désuets, instaurant ainsi une certaine porosité entre des domaines a priori incompatibles. Le même type de «collage» se retrouve entre une collection d’armes anciennes dont le mécanisme très sophistiqué fait face à une pièce de Xavier Veilhan, composée d’une série de fusils très stylisés.

Un ensemble de peintures de Daniel Schlier représentant des chiens regardant des œuvres se trouve placé en vis-à-vis avec une œuvre de Richard Fauguet, Molécule de chien et nous entraîne dans un vertige canin inattendu.

Plusieurs films et vidéos font contrepoint à ce bestiaire étrange, dont le chef d’œuvre de Fischli/Weiss, Le droit chemin, qui nous emmène dans un univers à la fois poétique, loufoque et bucolique et empreint de questions existentielles.

Les collisions sont aussi d’ordre visuel, lorsque la fine structure graphique des sculptures de cerfs de Didier Marcel ou la fragile transparence de l’armure de Patrick Neu font face aux imposantes tapisseries qui découpent l’espace. Les sculptures de Laurent Le Deunff – mammouth en papier mâché et trompes d’éléphant emmêlées telles des trophées de chasse impuissants – entrent en résonance avec les animaux naturalisés provenant des collections du musée.

Cet univers de la chasse ou de l’animal-objet de curiosité remet également en perspective le château et son histoire, avec les nombreux animaux que comptait le parc, daims, chevaux, ainsi qu’un ours gardé en cage dans le parc à l’époque où la famille Menier possédait le domaine de Rentilly, sans oublier la présence d’un pingouin –histoire véridique ou légende ? – et l’existence de la Salle des trophées où se réunissaient les Menier après la chasse.

Le titre de l'exposition est issu d'une chanson de Gérard Manset, sortie en 1968.