Bernard Piffaretti

Répliques : l'original à l'épreuve de l'art. Autour de la collection d'Olivier Mosset

June 30 - October 29, 2017

Musée des Beaux-Arts, La Chaux-de-Fonds, Switzerland

www.chaux-de-fonds.ch

Bernard PiffarettiSans titre (Alias), 2003, Acrylic on canvas, 201 x 302 cm / 79 1/8 x 118 7/8 in, Collection Pierre Darier, dépôt MAMCO, Genève
Installation view, Répliques : l'original à l'épreuve de l'art. Autour de la collection d'Olivier Mosset, 2017, Musée des Beaux-Arts, La Chaux-de-Fonds, Switzerland - Photo: Musée des Beaux Arts de La Chaux-de-Fonds

Pendant des siècles, la copie des œuvres de leurs prédécesseurs a constitué la méthode d'apprentissage naturelle des artistes, et la réplique (copie par le maître lui-même ou par des élèves de son atelier) un mode de diffusion légi­time des œuvres les plus appréciées. La valorisation de l'œuvre originale et de l'originalité de l'artiste est un trait du goût moderne, accentué par le dévelop­pement de la photographie, qui a peu à peu dépouillé l'art de sa fonction d'imi­tation du réel tout en permettant une diffusion sans précédent des images du monde. L'exigence d'originalité et d'expressivité, poussée à l'extrême par les artistes abstraits européens et américains de l'après-guerre, a suscité dès les années 1960 un vaste mouvement de remise en question, qui a pris des formes très diverses : du pop art à l'art conceptuel, de l'art minimal à l'art « appropriationniste » des années 1980. Olivier Mosset a été l'un des pionniers européens de ce mouvement : avec ses fameux tableaux à cercles, répétés à l'identique pendant près de dix ans, il retournait contre le marché de l'art le modèle ancien de la réplique.

Mais c'est une définition moins restrictive de la réplique, simple et ouverte au paradoxe, qui a servi de guide pour cette exposition : toute copie d'une œuvre d'art qui n'est pas un faux (J. Rey-Debove, Lexique de sémiotique, 1979). Les œuvres retenues proviennent en grande partie de la collection d'Olivier Mosset, donnée au musée en 2007. Elles reflètent l'intérêt jamais démenti de l'artiste pour les questions liées à la copie, la répétition, la citation ou l'appro­priation, et sont pour la première fois confrontées systématiquement à un choix de ses propres œuvres, qui couvre l'ensemble de sa carrière. D'autres œuvres, tirées de la collection du musée, permettent de les confronter à des antécé­dents historiques qui mettent en jeu les mêmes questions. Des prêts généreux, institutionnels et privés, ont permis de compléter l'ensemble, et des artistes contemporains ont été sollicités pour permettre de poursuivre la réflexion en prenant en compte les enjeux actuels du numérique, qui instaure un régime de copies et de reprises potentiellement illimitées.

Dans cet aparté d'une conversation bien plus large, les rôles ont été distribués et mis en scène pour que les œuvres puissent, aussi librement que possible, se donner la réplique.