Stéphane Henry

Résonances

February 6 - March 5, 2016

galerie frank elbaz, Paris

Stéphane Henry, Sédimentation, 2015, plâtre, pigments naturels, poudre de fer, de fonte, de bronze, de cuivre et d'or, 104 x 80 x 5 cm

Arpenteur du sensible


Dans l'immédiat du regard, ce qui se donne à voir du travail de Stéphane Henry, c'est de l'espace et de la durée, de la matière et de la couleur, de la surface et de la profondeur, de l'effacement mais de l'apparition. D'une alchimie l'autre, en archéologue du futur, l'artiste joue sur la double dimension du protocole et de l'aléatoire, de la contrainte et du hasard. Et en arpenteur de réels, il crée des dispositifs qui rendent visible l'invisible et font apparaître les conditions de l'événement : la matière en perpétuelle transformation, en incessante modification et là où le même devient autre...

Comme en écho à Rudolf Clausius, à Sadi Carnot et au principe d'entropie, Stéphane Henry met en place des dispositifs, des matériaux et des outils qui, dans un processus de répétition, lui permettent de composer des variations sans limites de supports, de mediums, de textures, d'aspérités et des variations de formats. Ainsi, il passe du zinc au cuivre au fer, au béton ou à la fonte, il joue avec l'or, les poudres de fer, de cuivre ou d'ammoniaque, avec les colorants liquides et les acides, il va du lisse au rugueux et voyage de l'infiniment grand à l'infiniment petit.

Il crée des constellations variables, passe du noir au blanc, de la profondeur de la matière, il fait émerger la couleur vers la surface et, par des procédés chimiques qu'il contrôle autant qu'ils lui échappent, il structure des modules construits en épaisseurs et en stratifications, il fait apparaître des polyphonies colorées, vertes, roses, beiges, bleues, des cratères microscopiques, des cascades et des stalactites comme autant de paysages, de cartes et de topologies aussi réelles qu'imaginaires. Et, mettant en jeu les procédés chimiques de la matière, de la nature et de la pensée, il ouvre le champ infini des possibles de la création en mouvement et il rend ainsi visibles le work in progress de la nature en résonance d'avec le work in progress de l'artiste.

Entrer dans l'espace de Stéphane Henry, c'est donc plonger dans un univers protéiforme aux multiples facettes qui le fascine depuis toujours, c'est suivre des pistes et des axes mystérieux, c'est débusquer des traces et des empreintes qui entraînent le regardeur vers des territoires inconnus ou insoupçonnés.

Entrer dans cet espace, c'est prendre un risque, celui de se perdre dans un véritable work in progress, mais, dans le même temps, celui de devoir déchiffrer, questionner, observer et décrypter quelque chose du secret de la matière, du moléculaire, de l'atome, de combinatoires mobiles et infinies de formes et de tonalités.

Et c'est faire émerger la somptuosité du monde en train de se faire.



Gaya Goldcymer, Février 2016