Madeleine Roger-Lacan

Painting under my skirt

September 3 - October 1, 2022

Opening on Saturday, September 3, 2022

From 6 to 8pm

galerie frank elbaz, Paris


Madeleine Roger-Lacan, Painting under my skirt, 2022
Exhibition view, galerie frank elbaz, Paris
Photo: Claire Dorn

Madeleine Roger-Lacan, Fente, 2022
Oil and acrylic on canvas
116 x 89 cm (45 5/8 x 35 inches)
Unique

Nights with girl Marilyn est un dessin que j’ai fait après avoir vu Sept ans de réflexion de Billy Wilder. Bouche en cœur, robe étoilée, yeux mi-clos, seins ronds et généreux. Un rêve de sensualité et de douceur. 

Un ami m’a offert une statue de Marilyn Monroe. Elle représente la scène iconique de la robe blanche qui se soulève. Cette statue avait été remisée à l’entrée d’une boîte de nuit où elle s’était fait péter la gueule. Déjà que la pauvre Marilyn en carton-pâte était un peu effrayante… elle était devenue cauchemardesque. Je l’ai tout de suite aimée et j’ai demandé à la recueillir à l’atelier. Elle a débarqué un soir de novembre 2019. Elle est restée dans l’entrée depuis. Je lui ai mis un drap sur la tête pour ne pas qu’elle repousse mes visiteurs. Une Marilyn fantôme vaut mieux qu’une Marilyn défigurée. 

La vraie Marilyn aussi s’est faite péter la gueule le soir de cette fameuse scène de la robe qui se soulève. 

Tournage de Sept ans de réflexion, New-York, septembre 1954 : Marilyn porte une robe blanche légère, plissé soleil. La scène est devenue légendaire : elle et son voisin sortent du cinéma, c’est l’été à New-York, canicule, le personnage de Marilyn passe au-dessus d’une bouche de métro, et pfiou elle profite plusieurs fois de cet air qui soulève sa robe. A l’écran, censure oblige, on ne voit que ses jolis pieds et ses sandales blanches. Un autre plan cadre son visage caressé par sa robe soulevée. L’imaginaire fera le reste - ainsi que la photo publicitaire géante exposée sur Madison Avenue.

En réalité, lors du tournage de la scène, une foule de gens la regarde, la photographie. Elle est extrêmement mal à l’aise et porte deux culottes pour être sûre qu’on ne devinera pas son sexe. 

Et puis son mari : il ne supporte pas que « l’intimité » de sa femme soit dévoilée. Il quitte le plateau furieux, et le soir frappe violemment Marilyn. Ils divorcent trois semaines plus tard. 

Soixante-dix ans plus tard j’observe cette sculpture, sa tête est cassée et sous sa jupe des gens ont dessiné des gouttes de sang avec du rouge à lèvre. 

Je la peins, mais je la protège : je n’actionne pas le mécanisme qui soulève sa jupe et son visage éventré est recouvert. 

En 2014, une autre sculpture de Marilyn, dix mètres de haut cette fois-ci, a été retrouvée dans une déchèterie en Chine. C’était une copie d’une sculpture géante de l'actrice produite aux États-Unis. Après avoir trôné à l’entrée d’un centre commercial à Guiguan, elle a été déboulonnée et abandonnée dans une décharge. Symbole trop américain, impudeur absolue avec ses jambes de cinq mètres de long et sa culotte blanche gigantesque qui nous surplombent. 

Réflexion sur le fantastique dans un jardin merveilleux  : je me suis assise au pied de ma Marilyn fantôme. Sa tête cassée à mes pieds, vanité de plastique. Derrière moi, un jardin merveilleux dans lequel je me perds. Mon imagination est une source de plaisir. La peinture donne chair à mes fantasmes. J’en vis certains. Mes amis se réfugient sous ma jupe, je les y accueille. J’embrasse un homme plus petit que moi. Clément danse avec une Marilyn abandonnée dans sa décharge chinoise. La femme montagne se promène, plus kinky que la version précédente.

Peindre le plaisir, rire du sperme sur son corps, mettre en scène les atmosphères de mes fantasmes, et garder certaines choses toujours cachées. Peindre des histoires sensuelles, célébrer la sexualité et ses étrangetés, mettre les agressions de côté, un moment. 

 

      Trois fragments d’amoureuse : 

« Toi et moi, on s’unit si souvent dans mon esprit.
C’est nos peaux qui m’obsèdent, elles ont le même grain l’une contre l’autre »

« Who needs a god, when you have a man ».
J’ai noté cette citation, déformée, après avoir lu un passage de
Blonde de Joyce Carole Oates.
J’ai été fascinée, effrayée aussi et je me suis reconnue dans ce besoin de plaire et de tout faire pour l’autre. Se perdre dans l’autre.

« Il y a quelque chose de plus intime que l'amour, ce sentiment de se perdre en toi, ou en l'idée de toi. C'est fou. »
Paul Valéry.

Madeleine Roger-Lacan


Madeleine Roger-Lacan, Who needs a god when you have a man , 2022
Oil, pastel and acrylic on canvas
110 x 90 cm (43 1/4 x 35 3/8 in.)
Unique

Madeleine Roger-Lacan, Se perdre en toi, 2021
Oil and acrylic on canvas
190 x 140 cm (74 3/4 x 55 1/8 in.)
Unique